13 Nov 2025
9 minutes

Co-investir en immobilier d'entreprise : la force du modèle club-deal

Le paysage de l'investissement immobilier professionnel se transforme. Entre les SCPI accessibles mais standardisées et les fonds institutionnels aux tickets d’entrées élevés, une troisième voie s'affirme : le club-deal immobilier. Ce modèle réunit des investisseurs privés autour d'actifs ciblés - bureaux prime, plateformes logistiques, commerces stratégiques - en conjuguant mutualisation des capitaux et gouvernance partagée. Cette approche séduit une nouvelle génération d'investisseurs qui recherchent transparence et contrôle sans sacrifier l'accès aux actifs de qualité. Le club-deal répond à cette exigence en transformant la relation traditionnelle entre gestionnaires et investisseurs, privilégiant la co-décision à la délégation passive.
Théo Verhaeghe
Directeur du Développement
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⚠️ INFORMATIONS IMPORTANTES Les investissements en club-deals immobiliers présentent des risques de perte en capital et requièrent une durée de détention longue (généralement 7 à 10 ans minimum). Les objectifs de rendement mentionnés constituent des objectifs indicatifs sans garantie. Les performances passées ne présagent pas des performances futures. Il est essentiel de consulter les documents d'information complets avant tout investissement.

L'émergence d'un modèle alternatif

Le club-deal répond à une évolution structurelle du marché. Les actifs prime exigent des capitaux conséquents - un immeuble de bureaux restructuré dans un quartier d'affaires peut représenter plusieurs dizaines de millions d'euros. Ces montants restent inaccessibles individuellement pour la plupart des investisseurs privés, même fortunés.

Parallèlement, les véhicules collectifs traditionnels montrent leurs limites. Les SCPI, avec 90 milliards d'euros d'encours selon l'ASPIM, privilégient volume et standardisation. Les fonds institutionnels demeurent réservés aux très gros tickets ou s'accompagnent de structures de frais complexes dans les contrats d'assurance-vie.

Le club-deal comble cet espace en proposant une structure intermédiaire. Il permet typiquement à quelques investisseurs de s'associer pour acquérir des actifs souvent réservés aux investisseurs institutionnels. Cette échelle crée un équilibre entre accessibilité et sélectivité.

La gouvernance partagée comme principe fondateur

Une architecture décisionnelle équilibrée

Le club-deal révolutionne la gouvernance immobilière. Contrairement aux fonds où les décisions sont centralisées, chaque membre participe activement à la stratégie. Cette participation s'articule généralement autour de trois niveaux : gestion courante déléguée, décisions stratégiques collégiales, droit de veto sur les opérations majeures.

Les statuts et le pacte d’associés formalisent cette répartition des pouvoirs. Un comité d'investissement, où siègent les associés qui le souhaitent, valide acquisitions et cessions. Les assemblées générales statuent sur les orientations stratégiques. Cette architecture préserve l'agilité opérationnelle tout en garantissant le contrôle collectif.

La transparence comme ciment de la confiance

L'information circule sans filtre entre les membres. Due diligences détaillées, analyses de marché, reportings trimestriels : chaque associé dispose des mêmes éléments d'appréciation. Cette transparence contraste avec l'opacité relative de certains véhicules grand public où l'information se limite à des bulletins standardisés.

Les outils digitaux renforcent cette dynamique. Plateformes collaboratives sécurisées, datarooms permanentes, tableaux de bord actualisés facilitent le partage d'information et la prise de décision collective. Cette transparence constitue l'un des principaux attraits du modèle pour les investisseurs recherchant visibilité et contrôle sur leurs placements.

La mutualisation intelligente des risques

Diversification géographique et sectorielle

Le club-deal permet une diversification calibrée impossible en investissement direct. Un portefeuille type peut combiner bureaux lyonnais, logistique bordelaise, commerces marseillais, créant une résilience face aux aléas locaux tout en conservant une exposition aux cycles immobiliers et économiques

Cette diversification s'appuie sur l'hétérogénéité des marchés régionaux. Les taux de vacance, les niveaux de loyers, les dynamiques économiques varient significativement d'une métropole à l'autre. Le club-deal exploite ces disparités en allouant les capitaux vers les marchés les plus porteurs, cette sélection restant naturellement soumise aux évolutions futures du marché.

La diversification sectorielle obéit à la même logique. Bureaux, commerces et logistique évoluent selon des cycles distincts. Les mixer dans un même portefeuille lisse la performance et atténue l'exposition aux retournements sectoriels sans supprimer l’ensemble des risques de marché.

L'optimisation du financement bancaire

La force collective du club facilite l'accès au crédit dans des conditions optimales. Les banques apprécient la solidité d'un tour de table structuré et la diversification du portefeuille. Cette capacité d'emprunt démultiplie la puissance d'investissement tout en améliorant le rendement des capitaux propres et par la même occasion augmentant l’exposition aux risques en cas de retournement.

Les conditions obtenues reflètent cette prime collective : marges réduites, covenants assouplis, flexibilité dans les remboursements anticipés. Un club-deal bien structuré peut négocier des conditions sensiblement meilleures que celles accessibles individuellement, avantage conditionné au maintien de la solidité collective.

L'accès aux opportunités exclusives

Le marché caché de l'immobilier

Une part significative des transactions se fait en dehors des sentiers battus. Ces opportunités off-market privilégient les acquéreurs capables de signer les opérations rapidement. Le club-deal, par sa force collective et sa gouvernance resserrée, accède naturellement à ce marché.

Les vendeurs institutionnels - assureurs, fonds de pension, foncières cotées - apprécient ces interlocuteurs structurés. La capacité financière collective rassure tandis que le nombre limité d'intervenants facilite la négociation et accélère la conclusion.

La création de valeur par l'intelligence collective

Les membres d'un club-deal apportent souvent des expertises complémentaires. Un industriel conseille sur l'optimisation logistique, un commerçant sur l'aménagement retail, un financier sur la structuration. Cette diversité transforme le club en laboratoire de création de valeur qui permet d’enrichir l’analyse sans pour autant garantir le succès des opérations.

Les projets de transformation bénéficient particulièrement de cette approche. La conversion d'un immeuble obsolète en espaces modernes mobilise des compétences variées : architecture, technologies, commercialisation. L'intelligence collective permet d'identifier et d'exploiter des potentiels invisibles pour un investisseur isolé.

L'ingénierie patrimoniale adaptée

Structuration fiscale sur mesure

Le club-deal offre une flexibilité fiscale impossible avec les produits standardisés. Le choix du véhicule juridique - SCI, SAS, SLP - s'adapte aux objectifs patrimoniaux des membres. Les holdings peuvent s'intercaler pour optimiser les flux. Le régime mère-fille, codifié dans le Code Général des Impôts, limite la taxation des remontées de dividendes sous respect des conditions légales en vigueur.

Cette ingénierie devient particulièrement pertinente pour la transmission. Les parts de sociétés non cotées peuvent bénéficier d'abattements lors des donations et successions, selon les dispositions du Code Général des Impôts applicables au moment de l’opération.

La transmission facilitée

Le club-deal constitue un support pédagogique idéal pour initier les nouvelles générations à la gestion patrimoniale. La participation aux assemblées, l'analyse des performances, les visites d'actifs créent une culture commune autour de l'investissement immobilier.

Cette dimension transgénérationnelle prend une importance croissante dans les stratégies patrimoniales. Le club-deal, par sa gouvernance participative et sa transparence, facilite l'implication progressive des nouvelles générations dans la construction d’un patrimoine diversifié et pérenne.

Les points de vigilance

L'alchimie humaine, facteur déterminant

La réussite d'un club-deal repose sur la cohésion entre membres. Réunir des profils aux horizons et attentes variés nécessite une sélection rigoureuse et une animation continue. Les divergences de vision peuvent créer des blocages préjudiciables à la performance.

Les statuts doivent anticiper ces tensions potentielles : mécanismes de sortie, résolution des conflits, protection des minoritaires. Cette architecture juridique, complexe à établir, conditionne la pérennité du club.

La contrainte de liquidité

Contrairement aux placements cotés, le club-deal n'offre pas de liquidité immédiate. La sortie nécessite soit la cession de parts à d'autres membres, soit la vente des actifs. Cette contrainte, inhérente à l'immobilier direct, doit être intégrée dès l'origine et peut créer des difficultés en cas de besoin urgent de liquidités.

Les structures les plus abouties prévoient des mécanismes de liquidité organisée : fenêtres de sortie programmées, formules de valorisation prédéfinies, droits de préemption. Ces dispositifs facilitent les arbitrages tout en restant tributaires des conditions de marché.

L'évolution vers un modèle mature

Le club-deal s'institutionnalise progressivement. Des gestionnaires spécialisés émergent, proposant des structures clés en main avec gouvernance préétablie. Les pratiques se standardisent autour de méthodes éprouvées. Les outils digitaux fluidifient la gestion collective.

Les critères ESG s'intègrent naturellement dans cette approche collaborative. Les débats collectifs facilitent l'adoption de stratégies durables : rénovation énergétique, certifications environnementales, impact social. Cette dimension responsable devient un critère de sélection pour de nombreux investisseurs soucieux d’impact.

Cette évolution dessine les contours d'un modèle hybride, conjuguant expertise professionnelle et gouvernance participative. Le club-deal ne remplace pas les autres véhicules d'investissement mais enrichit la palette des solutions disponibles. Pour les investisseurs recherchant contrôle, transparence et accès aux actifs premium, il représente une alternative désormais mature qui nécessite une évaluation rigoureuse des risques.

La force du modèle réside dans sa capacité à concilier des objectifs apparemment contradictoires : mutualisation et autonomie, professionnalisation et proximité, performance et maîtrise des risques. Cette synthèse répond aux attentes d'investisseurs de plus en plus sophistiqués, qui refusent de choisir entre rendement et contrôle.

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*Les informations présentées dans cet article sont fournies à titre purement informatif et ne constituent ni un conseil en investissement, ni une recommandation d’achat, de vente ou d’arbitrage.L’investissement en club deal ou en private equity immobilier comporte des risques spécifiques, notamment un risque de perte en capital, un risque de liquidité et un horizon d’investissement long terme.Les performances passées ne préjugent pas des performances futures et ne sont pas constantes dans le temps.Avant toute décision d’investissement, il est recommandé aux investisseurs de se rapprocher de leurs conseils financiers, juridiques et fiscaux afin de s’assurer de l’adéquation de l’opération à leur situation patrimoniale, à leurs objectifs et à leur profil de risque.